Quel changement pour la politique migratoire européenne?
En 2015, à l’apogée de la crise migratoire, 1.216.860 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe (Eurostat, 2020). Bien que les chiffres aient diminué après cette période de forte pression migratoire, la crise a révélé un manque d’unité et de solidarité au sein de l’Union européenne (UE). Incapables de se mettre d’accord sur un système d’asile unifié ou un mécanisme de relocalisation, la réponse des États membres a eu tendance à être basée sur la dissuasion et le rapatriement.
Plusieurs accords ont été signé entre l’UE et certains pays tiers – soit des pays d’origine, soit des pays de transit – pour empêcher des migrants irréguliers d’atteindre l’Europe (Conseil européen et Conseil de l'Union européenne, 2020). L’exemple le plus frappant est le pacte migratoire entre la Turquie et l’UE, signé en 2016. Dans le cadre de ce pacte, l’UE a accepté de transférer 6 milliards d’euros à la Turquie pour l’aider à accueillir environ 3 millions de réfugiés, dont la plupart fuient la guerre civile syrienne (Le Monde.fr, 2020). Le pacte stipule également que tous migrants irréguliers arrivant en Grèce soient renvoyés en Turquie (Amnesty International, 2014).
Le pacte migration et asile, proposé par la Commission européenne le 23 septembre 2020, suit cette même tendance, recommandant principalement des contrôles aux frontières plus stricts et des processus de renvois plus efficaces et accélérés (Vie publique, 2020).
Pourtant, toutes ces mesures ne parviennent pas à empêcher des migrants de se diriger vers l’UE, en prenant d’énormes risques. Depuis 2014, la traversée de la Méditerrané a coûté la vie à environ 20.014 migrants (ONU Info, 2020). Et même si les migrants arrivent en Europe, les conditions d’accueil sont souvent désastreuses. Par exemple, avant l’incendie qui l’a détruit, le camp de réfugiés de Moria en Grèce accueillait 12.700 personnes, soit quatre fois sa capacité, dans des conditions non hygiéniques (Le Monde, 2020 ; Vérot, 2020).
Que devrait l’UE faire pour mieux gérer la pression migratoire ? Dans la situation actuelle, où un changement majeur de la politique migratoire est improbable, l’UE devrait se concentrer sur l’amélioration des conditions de vie des migrants, en accordant une aide financière substantielle aux pays qui les accueillent, mais aussi en créant des missions de surveillance destinées à garantir le respect des droits de l’homme des migrants.
Marlene Marx
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